di Maria Pia Ercolini

La capitale francese, nel 2005, ha pubblicato Paris aux nomes des femmes, proponendo una passeggiata femminile atipica: quartiere dopo quartiere, quaranta autrici raccontano la storia delle poche donne a cui sono intitolate strade, piazze e giardini, salvandole dall’amnesia collettiva. Sullo sfondo blu delle targhe stradali, incorniciate da un filo brillante di smalto verde, escono dall’anonimato Edith Piaf, Dalida, Joséphine Baker, George Sand, Sarah Bernhardt...
L’odonomastica è un rilevatore sociale: centoventotto presenze femminili su oltre seimila voci contrastano con un immaginario collettivo che vede in Parigi il simbolo della femminilità.
Sulle parigine ricordate da strade e piazze della capitale francese la scorsa estate è uscito un nuovo libro. Si intitola Parisiennes. De Marie Stuart à Simone de Beauvoir, ces femmes qui ont inspiré les rues de la capitale! ed è scritto dalla storica Malka Marcovich (edizioni Balland, prefazione d’Anne Hidalgo, 428 pagine, 24,90 euro).
Secondo l'autrice, oggi la percentuale delle donne meritevoli di targa stradale sfiora il 5%: sono 200 le presenze femminili contro i 4.000 titolari uomini.

Inseriamo alcuni testi in lingua originale tratti da:
Colette Cosnier, Nicole Pellegrin, Valérie Neveu, Christine Bard et Eliane Viennot
La place symbolique des femmes dans la Cité (Rennes, Poitiers, Nancy, Paris, Marseille)
Extrait du bulletin Archives du féminisme
, n°. 9 - Décembre 2005


 

Rennes

Il existe à Rennes une rue Postuminus... Ce personnage au nom assez malsonnant est considéré comme le premier Rennais connu puisqu'on a trouvé une inscription votive le concernant. Était-il bon époux, bon père? administrateur intègre? fin lettré ou honnête commerçant? jouait-il un rôle de premier plan dans la vie de la cité? Nul ne le sait. Mais c'est un homme, et en tant que tel, il est passé à la postérité. En revanche, toutes les Postumina de ce temps-là, leurs filles, leurs petites-filles, leurs arrières arrières arrières petites-filles ont disparu de la mémoire de la ville, il n'ya pas de place ou de boulevard Postumina... On compte à Rennes 1.650 dénominations de rues, dans ce nombre sont compris 900 noms d'hommes et 55 noms de femmes [2], c'est-à-dire 94% et 6%. En gros, on peut faire les mêmes remarques qu'ailleurs : quelques noms féminins au XIXe siècle et dans les deux premiers tiers du XXe, et une présence plus affirmée à partir des années 80. Mais à la différence de certaines villes où on peut hésiter à identifier tel ou tel nom, parce que sans prénom et sans autre précision, à Rennes les plaques de rues sont plus bavardes, fournissent les dates et indiquent brièvement le domaine où s'est illustré le personnage. L'idée est bonne, pourtant, parfois, l'inévitable concision aboutit à des résultats saugrenus, voire peu représentatifs: ainsi deux femmes ne sont définies que par le fait d'être filles de mères célèbres, telle autre est une «héroïque infirmière», ou une «femme de bien». Notons toutefois que les hommes ne sont pas mieux traités! Si on veut établir un tableau historique de cette présence féminine, il faudrait ajouter à la liste des noms proprement dits ceux de groupes, le plus souvent signalant l'existence de couvents. Subsiste ainsi le passage des Carmélites, et dans le vieux Rennes, une rue qui inspire aux touristes des commentaires gaillards: la rue des Dames, ainsi nommée en souvenir des dames d'honneur d'Anne de Bretagne qui y logèrent lors d'un séjour de celle-ci. Il serait intéressant de s'interroger, aussi bien pour Rennes que pour d'autres villes, sur la présence de noms selon le genre. Dans un cas, presque uniquement des religieuses (donc images de charité et de piété) et dans l'autre des appellations plus variées reflétant un rôle joué dans la vie urbaine: rue des Artificiers, des Tanneurs, du 7e Régiment d'artillerie, ruelle des Chapeliers, ou dans celle de la région : promenade des Bonnets rouges, rue des Trente, voire du pays tout entier: cours des Alliés. Même disproportion en ce qui concerne les saints et les saintes: 23 pour les uns et 4 pour les autres!
Avant 1900 Jusqu'au XIXe siècle, en dehors d'appellations vagues et collectives, il n'ya eu que la place Sainte-Anne, sainte patronne de la Bretagne. Tout aussi inévitable est la Duchesse Anne (1477-1514): en 1862 on lui consacre un boulevard dans un quartier neuf où elle voisine avec Mme de Sévigné (1626-1696) et la fille de celle-ci, Mme de Grignan (1646-1705): contrairement à ce qui se produit ailleurs (à Angers par exemple) Mme de Sévigné n'est pas là en tant qu'écrivaine française mais en tant que personnage lié à la ville de Rennes où elle s'est souvent rendue alors qu'elle séjournait dans son château des Rochers près de Vitré. Un boulevard Jeanne d'Arc (1412-1431) est inauguré un peu plus tard, célébrant non pas la sainte qui n'est canonisée qu'en 1920, mais l'héroïne nationale. De la même époque, datent les allées Sainte-Marie, Sainte-Sophie, saluant les deux filles du propriétaire du terrain. Six noms donc de 1862 à 1894.
Jusqu'aux années 50 Le XXe siècle est plus généreux. Dans sa première moitié, dix femmes, dames d'œuvres, écrivaines ou héroïnes, se partagent le terrain. A partir de 1908 se succèdent à Rennes des municipalités de gauche nettement laïques, d'où des dénominations qui peuvent sembler hardies pour l'époque: George Sand (1804-1876) est choisie, en dépit de sa réputation quelque peu scandaleuse, la même année 1913 que Mme Marçais-Martin (1820-1911) «bienfaitrice des hospices». De même, en 1923 apparaissent les rues Clémence Royer (1830-1902) et Elisa Mercœur (1809-1835), nées toutes les deux à Nantes. Le choix est audacieux pour la première, philosophe, femme de sciences, traductrice de Darwin, féministe, plus discret pour la seconde, poétesse romantique. La Première Guerre mondiale impose le nom d'Edith Cavell (1866-1915), infirmière britannique exécutée par les Allemands et celui de Louise de Bettignies (1880-1918) agent de renseignement de l'armée anglaise, désignée seulement comme «jeune fille héroïque». At-on voulu, au temps de la garçonne, imposer d'autres images féminines plus conventionnelles et susceptibles d'être des modèles? C'est possible: on retrouve alors les œuvres charitables avec Sophie Michel (1782-1862), bienfaitrice des déshérités, Jeanne Jugan (1793-1879) fondatrice des Petites Sœurs des pauvres, née à Cancale, et si on élit deux écrivaines, on les choisit bien-pensantes: la Rennaise Mme du Campfranc (1846-1908) qui écrit des romans édifiants publiés dans des revues familiales comme Les Veillées des chaumières, et Zénaïde Fleuriot (1829-1890), née à Saint-Brieuc, auteure prolifique de la Bibliothèque rose.
Après la Seconde Guerre mondiale La deuxième moitié du XXe siècle rend hommage à huit résistantes et/ou déportées: Marie Alizon (1921-1943), Jeanne Couplan (1916-1945), Jeanne Guillon (1889-1945), Marie Lafaye (1891-1945) citée avec son fils Pascal, le plus jeune déporté résistant d'Ille-et-Vilaine, Aline Landais (1899-1956), Herminie Prod'homme (1887-1945), Andrée Récipon (1885-1956), et Anne-Marie Tanguy (1887-1974). Autres noms dans les années 60, choisis par la municipalité de centre-droit: l'aviatrice Hélène Boucher (1908-1934), la philosophe Simone Weil (1909-1943), la comédienne Sarah Bernhardt (1844-1923). En 1967, quelques mois avant “les événements de 68”, on donne un square à la Fée Viviane, peut-être pour respecter la parité: l'Enchanteur Merlin a aussi sa rue ! Plus rien jusqu'en 1982. Avec les nouveaux quartiers construits depuis l'arrivée de la municipalité d'union de la gauche en 1977, voici quatorze noms féminins. Des écrivaines, Marie de France (XIIe) auteure de Lais inspirés des légendes celtiques, la paysanne du Trégor, auteure de langue bretonne Angéla Duval (1905-1982), la poétesse de Bazouges-la-Pérouse Angèle Vannier (1917-1980), la Rennaise Yvonne Meynier (1908-1995) romancière pour la jeunesse, productrice d'émissions de radio, co-fondatrice de l'Association des Écrivains de l'Ouest, qui n'a, elle, qu'une moitié de rue puisqu'elle la partage avec son mari le professeur André Meynier. Est-ce la commémoration de 1789 qui enhardit les esprits ? On inaugure une rue Flora Tristan (1803-1844) qu'on proclame «écrivain féministe» sans oser toutefois le néologisme «écrivaine».L'appellation «journaliste, femme de lettres» est utilisée pour Louise Weiss (1893-1983) et Séverine (1855-1929) dont la présence s'explique par la date de l'arrêté municipal: 1999, centième anniversaire du second procès de Dreyfus à Rennes, Séverine ayant été l'une des journalistes de La Fronde, avec Marguerite Durand et Jeanne Brémontier, qui suivirent régulièrement ce procès. Mais rien ne précise ici son engagement dreyfusiste et féministe. Même chose pour Olympe de Gouges (1748-1793) qualifiée d'«héroïne de la Révolution Française», point d'allusion à sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Autres noms, Julie d'Angennes (1607-1671) présentée comme “fille aînée de la marquise de Rambouillet” et dont on se demande bien pourquoi, tant qu'à faire de choisir une femme ayant joué un rôle dans ce mouvement féministe que fut la Préciosité, on n'a pas retenu sa mère plutôt qu'elle; la comédienne Marie Dorval (1798-1849), née à Lorient; Nathalie Lemel (1827-1921), membre de la Commune de Paris, née à Brest; la chanteuse Édith Piaf (1915-1963); une Sarthoise, la pédagogue Marie Pape-Carpantier (1815-1878) fondatrice de l'École maternelle; la chef d'une bande de voleurs de grands chemins, appartenant à l'histoire populaire de Bretagne, Marion du Faouët (1717-1755), que les juges rennais condamnèrent à être traînée, à demi-nue dans les rues de la ville pendant trois jours avant d'être marquée au fer rouge. Des figures locales: la photographe Anne Catherine (1887-1974), Renée Prévert (1912-1988) qui fut bien plus qu'une simple «militante d'œuvres sociales», puisqu'elle fut une des premières députées en 1945, la finistérienne Jeanne Laurent (1902-1989) qui est à l'origine de la création des Centres dramatiques. Ajoutons à la liste les habituels Pierre et Marie Curie (1867-1944), Marie étant qualifiée modestement de “physicienne et chimiste” et non pas de prix Nobel.
XXIe siècle Le début du nouveau siècle est marqué par la création d'un «quartier des femmes» à Beauregard, à proximité de la nouvelle Préfecture: initiative louable mais qui n'est pas sans évoquer ces lotissements où on passe de la rue des Mésanges à la rue des Fauvettes. A ceci près qu'il ne s'agit ni d'oiseaux ni de fleurs mais de la chanteuse Barbara (1930-1997), de Mère Teresa (1910-1997) «Religieuse, Prix Nobel de la Paix», de l'écrivaine Colette (1873-1954) ou plutôt «Gabrielle Colette», puisqu'on lui redonne ce prénom qu'elle n'utilisa jamais en tant qu'auteure. Ajoutons quelques personnalités locales: Adèle de Bretagne (XIe siècle) première abbesse des bénédictines de Saint-Georges et Ermengarde d'Anjou (1068-1147) présentée comme «Duchesse de Bretagne» ce qui risque de troubler fort le touriste qui a déjà vu célébrer une autre duchesse, Anne, dont les mérites sont plus notoires. Ces dernières années ont vu arriver la peintre Jeanne Malivel (1895-1926) née à Loudéac, co-fondatrice du mouvement artistique breton les Seiz breur, une conservatrice du Musée des Beaux-Arts Marie Berhaut (1904-1993) et Geneviève d'Haucourt (1904-2000), une des premières avocates qui doit sa célébrité au fait que, pendant la guerre, elle sauva les archives de Brest. La dernière qui hérite d'un square en 2002 est Simone Morand (1914-2001) auteure d'ouvrages sur les coutumes du pays gallo (c'est-à-dire la Bretagne non bretonnante) et de livres de cuisine régionale.
Que conclure au terme de cette énumération, sinon qu'on aura beau dire et beau faire, la place des femmes sera toujours bien faible dans la liste des rues rennaises. Cette attribution est fonction du développement de la cité: pas question de débaptiser des rues déjà existantes (même la rue Alexis Carrel! [3]), donc les nouvelles ne sont pas des voies de prestige, elles sont situées dans des quartiers périphériques, sont souvent de petites dimensions, et comme telles, peu visibles. On chercherait en vain une volonté féministe dans trop de ces appellations, le plus souvent le critère local, c'est-à-dire le fait d'être née ou d'avoir vécu en Bretagne, l'emporte. Il faut trouver des noms, et on se donne bonne conscience en choisissant-au hasard? - quelques femmes célèbres. On aimerait flâner dans des rues dédiées à des figures rennaises représentatives de différents aspects de l'histoire des femmes: la précieuse du XVIIe siècle Catherine Descartes, les premières enseignantes comme Mlle Dupesan, directrice du lycée de filles et vice-présidente en 1914 du groupe d'Ille-et-Vilaine pour le suffrage des femmes... Mais, oserai-je le dire? La féministe rennaise, Louise Bodin (1877-1929), la rédactrice de La Voix des femmes, une des rares journalistes à avoir écrit un article pour protester contre la loi de 1920 sur l'avortement et la contraception, n'a pas sa rue. On a donné son nom à une crèche...

Colette Cosnier


 

Poitiers

Les femmes dans la toponymie urbaine : un premier aperçu On compte à Poitiers 894 rues, places, impasses et allées. 353 (39,5%) de celles-ci portent le nom d'un personnage célèbre. 21 (6% de ce groupe; 2,3% du total) sont des femmes, ce qui représente 17 noms: Aliénor d'Aquitaine, Camille Claudel, Diane de Poitiers, Marie Curie (conjointement avec son mari), Olympe de Gouges, Jeanne d'Arc (3 fois), Louise Labé, Théroigne de Méricourt, Louise Michel, Edith Piaf, les dames des Roches, et les saintes Bernadette, Catherine (2 fois), Loubette, Opportune, Thérèse, Radegonde (2 fois). Soit 1 boulevard, 15 rues, 4 allées, 1 place. NB: y ajouter des toponymes liés à des couvents féminins : Sainte-Croix (2), Grand Maison, Fontevraud, Carmélites. (Les hommes ont des rues du Cadre noir, des Campeurs, des Canadiens, des Chevaliers, des Ecossais, des Entrepreneurs, des Imprimeurs, des Meuniers, des Transporteurs, des Carmes, de la Clergeonnerie, des Cordeliers, des Feuillants, des Jésuites, des Templiers). L'enquête est à poursuivre, ici et ailleurs (Niort, La Rochelle, Rochefort, etc.).
Message de Nicole Pellegrin (historienne, CNRS Paris - IHMC).
Ce premier inventaire à la Prévert qui mêle souvenirs du Poitiers d'Ancien Régime et dénominations contemporaines reste à approfondir, avec l'aide d'ouvrages d'histoire locale. Le relevé des noms à consonance féminine nous apprend aussi à déjouer les pièges de la toponymie : ainsi, le «chemin des bonnes», n'a rien à voir avec les employées de maison, mais marque plus sûrement les anciennes limites (bornes) du territoire. Mais que penser de la rue des Brunettes et de sa voisine, la rue des Blondines? L'enquête est à poursuivre...

Valérie Neveu


 

Nancy

Une Université Louise Michel? C'est raté. Nancy-II garde son numéro, explique Libération du 9 juin 2005. Elle ne sera pas la première université en France à porter le nom d'une femme. C'est Louise Michel qui avait été proposée par le personnel et les étudiants, mais une partie du conseil d'administration militait pour Emile Gallé, artiste local. Faute d'une majorité des deux-tiers, l'université gardera son numéro 2.

Christine Bard


 

Paris

Michelle Perrot nous signale Paris aux noms des femmes qui vient de paraître aux éditions Descartes § Cie. A l'initiative de Marc Guillaume, ce livre esthétique, original, poétique parfois donne la parole à 40 femmes d'aujourd'hui, qui confient ce que leur inspirent les rues aux noms de femmes d'hier. A Paris, 92 voies (2 % du total). Michelle Perrot en a choisi une une demi-douzaine, parmi lesquelles Clémence Royer, Elisa Lemonnier, sans oublier la rue Madame, qui s'appelait rue des citoyennes sous la Révolution. A propos des statues de femmes dans Paris, elle nous renvoie à une thèse de l'Ecole d'architecture, qu'elle a déposée à la BMD.
Paris-Parité ou l'étymologie revisitée par le féminisme. On la croyait fille du XXe siècle, voire des rêves d'Hubertine Auclert. Que nenni! Avant de ressurgir parmi nous, l'idée a occupé un certain nombre de femmes dans les cercles dirigeants du tournant des XVe et XVIe siècle, comme en témoignent les nombreuses oeuvres et jeux de société qu'elles ont promus et qui mettent face à face des groupes de sexes numériquement équilibrés. Mais voilà mieux: le mot aussi est là! On le trouve dans un abrégé d'histoire de France datant de la fin des années 1480, écrit pour la fille de Louis XI, Anne de France, régente à partir de 1483 et demandeuse d'arguments susceptibles de contrer «la faible opinion de ceux qui disent que femme ne doit avoir autorité sur le gouvernement du roi et du royaume». Le rédacteur de cet abrégé n'hésite pas: si l'ancienne Lutèce est devenue Paris, c'est qu'elle a été rebaptisée en même temps que Clovis l'était (baptisé). Et si ce nom a été choisi, c'est qu'à cette occasion, Clovis (païen) a été fait «égal en foi et dignité à Clothilde» (chrétienne). Devenus égaux, donc pareils, la capitale du royaume (donc le royaume, donc le gouvernement) leur fut donné à tous les deux (un gars, une fille), et en vertu de leur «parité» elle fut appelée Paris! Et depuis, tous les hommes de cette ville étant devenus les égaux/pareils de toutes les femmes, on les a appelés les Parisiens! Le tout par «décision divine», évidemment. L'histoire ne dit pas ce qu'Anne de France en pensa.
Eliane Viennot, professeure de littérature de la Renaissance, Université de Saint-Étienne / IUF; présidente de la SIEFAR (siefar.org).


 

Marseille

Sur le vieux Port, l'association «Les femmes et la ville» a célébré le soixantième anniversaire du vote des femmes par un colloque sur l'histoire locale des citoyennes marseillaises (13-14 mai 2005). Y sont intervenu(e)s Geneviève Dermenjian, Hélène Echinard, Catherine Marand-Fouquet, Daniel Armogathe, Régine Goutalier, Eliane Richard, Yvonne Knibiehler, Jacqueline Charle, Caroline Mackenzie, Jean Pellegrino, Roseline Arnaud-Kantor, Claudine Marissan (sur l'expérience belge)... Une très belle exposition en plein air donnait à découvrir les grandes figures du féminisme, les grandes dates de l'émancipation des femmes... Les actes du colloque ont été publiés: 'Les Marseillaises en politique', Marseille. La revue culturelle de la ville de Marseille, n°. 209, juillet 2005.


 

Rouen féminise le nom de ses rues

Pour combler l’important écart entre les appellations masculines et féminines de ses espaces publics, la ville de Rouen (110 933 habitants) en Seine-Maritime s’est lancée dans une politique de féminisation du nom de ses rues. Il s’agit d’une « décision officialisée le 11 juillet 2013 à l’unanimité des élus lors d’un conseil municipal, mais en réflexion de longue date », précise Guy Pessiot, adjoint PS en charge du Tourisme et du Patrimoine. En substance, les élus ont voté que désormais 95% des nouvelles voiries ou des espaces publics de la capitale normande seront baptisées du nom d’une femme, rouennaise ou pas, peu ou prou connue. En revanche, ils n’ont pas prévu, sauf exception, de débaptiser une rue pour la rebaptiser. Lors du même conseil, cinq rues et un « mail » ont été sélectionnés pour être ainsi baptisés et l’opération est en cours de réalisation.

Rétablir une égalité - Les conseillers municipaux sont partis d’un constat : sur les quelque mille rues qui composent la ville, 23 portent le nom d’une femme et environ 500 rues sont baptisées du nom d’un homme. « Nous n’adoptons pas cette démarche pour être dans l’air du temps ou dans un simple souci de parité », explique l’élu, «nous voulons faire connaître autant les femmes dont nous apprécions une qualité ou une autre que les hommes célèbres. De plus nous donnons un sens à nos choix en fonction de nos valeurs et de l’histoire de ces femmes ». Illustration avec, même si elle est exceptionnelle puisqu’il ne s’agit pas d’un espace public, le centre de services techniques municipaux. Appelé Caserne Pélissier, du nom d’un maréchal, gouverneur un temps en Algérie durant la colonisation, mais réputé violent, ce centre va se voir baptisé Charlotte Delbo. Résistante et survivante d’Auschwitz, cette femme proche du PCF, a entre autres défendu les « rappelés », ces soldats français refusant dans les années soixante d’aller combattre en Algérie et dont nombre d’entre eux furent enfermés dans cette caserne. « Cet exemple résume l’esprit dans lequel nous voulons arrêter nos choix, pour lesquels, d’ailleurs, l’ensemble des services municipaux est consulté », souligne Guy Pessiot. Autre exemple de l’état d’esprit de la démarche de la mairie, un mail paysager de l’Ouest de la ville va porter le nom de « Mail Andrée Putman », architecte d’intérieur et designer française décédée en début d’année, qui a notamment contribué à la rénovation intérieure du musée des Beaux-Arts de Rouen. S’il est bien conscient que l’écart dans les appellations ne sera jamais totalement comblé, l’élu estime qu’une partie significative le sera cependant d’ici quelques années, avec la construction prévue sur des friches industrielles d’un nouveau quartier de 10 000 habitants où cette politique d’appellation sera appliquée à l’ensemble des rues.

Par P. Bottois Publié le 28/08/2013 dans : Régions

 



 

Toponimi d’Oltralpe

di Anna de Fazio Siciliano

La ricerca a tappeto condotta dal gruppo facebook di Toponomastica Femminile e coordinata da Maria Pia Ercolini, ha iniziato con l’occuparsi dello stivale ma è già sbarcata all'estero.
Siamo in Francia.
Prima di estendere la "recherche" all’intero hexagone, voilà le prime proiezioni.
Le città finite nel mirino, per ora, sono Poitiers e Rennes.

Poitiers, nella regione Poitou-Charentes, registra una percentuale di strade femminili del 2,3%: su 894 strade, sostiene Valérie Neveu1, ben 332 nomi maschili e solo 21 femminili, alcuni dei quali di fama mondiale.
Ci onorano della loro presenza la scandalosa Aliénor d'Aquitaine, donna coltissima e spregiudicata che nel 1146 si presentò con armatura e a cavallo. Partecipe alla II crociata, stupì per la sua Corte d'Amore; Camille Claudel, artista geniale ritenuta pazza e rinchiusa un manicomio dai familiari; Olympe de Gouges autrice della Dichiarazione dei diritti della donna e della cittadina del 1791, la quale firmò il suo destino con queste parole" Non devo nulla al sapere degli uomini. Io sono la mia opera"; la poetessa petrarchesca Louise Labé, il cui vero nome è Louise Charlin e la sfortunata donna e incantevole voce di Edith Piaf.
Tra ricordi d'Ancien Régime e memorie recenti s’incontrano curiosi odonimi di par condicio: cosa vorrebbero sottolineare rue des Brunettes e la vicina rue des Blondines?

A Rennes, su poco meno di tremila strade, la percentuale di presenze femminili è più alta rispetto al Bel Paese. L'aspetto toponomastico della città aveva più o meno le stesse caratteristiche italiane, ma a partire dagli anni '80 e in particolare negli ultimi decenni, le donne qui hanno registrato una presenza più numerosa.
Boulevard de la duchesse Anne de Bretagne per esempio, si trova accanto alla via delle "Dames". È curiosa la storia di questa strada: in origine si chiamava Rue Saint-Denis ma quando la duchessa Anna venne ad abitare a Rennes accanto alla via dove erano alloggiate le sue dame di compagnia, allora la strada assunse il nuovo appellativo di Rue des Dames (anche se negli anni della Rivoluzione si chiamerà via della Ragione).
É emblematico, in ogni caso che si lasci il nominativo di un santo per sostituirlo con donne! A Mme de Sévigné, che nei suoi scritti epistolari racconta l'atroce repressione inflitta alla Bretagna durante la rivolta del 1675 contro le tasse imposte da Colbert, ministro di Luigi XIV, si consacra un nuovo quartiere, non perché cittadina, ma per il suo numero alto di soggiorni nel castello di Rochers près de Vitré, già... perché a Rennes la scelta delle targhe sulle vie non rispetta sempre il criterio della cittadinanza o della nazionalità.
Poi però nello stesso tempo ci chiediamo chi sia questo Postumius e perché mai sia passato alla storia? Era un onesto cittadino? Un bravo padre di famiglia? Un letterato arguto?
In realtà è noto alle cronache per essere stato il primo cittadino conosciuto di Rennes: anno 135 circa. Nel museo di Bretagna c'è una stele dove risulta che svolgeva attività amministrative e religiose. Per meritare un "privilegio alla memoria" le donne devono invece compiere grandi gesta e il più delle volte essere vere e proprie eroine della storia di Francia: Giovanna d'Arco e Louise de Bettignies, jeune fille héroïque, che col nome di Alice Dubois renderà importanti servizi alla patria durante la prima guerra mondiale, o Edith Cavell, infermiera inglese dello stesso periodo, fucilata dai Tedeschi.
Agli inizi del '900 fanno la loro comparsa, alcune vie di donne dalla reputazione scandalosa: la celebre George Sand, ma anche Clémence Royer e Elisa Mercœur, originarie di Nantes. Scelta audace per Clémence, filosofa e donna di scienze nonché traduttrice di Darwin e femminista, più discreta per Elisa, poetessa romantica.
Da questo momento si fa un grosso salto fino al secondo dopoguerra, quando si dà nome alle vie in onore a otto donne deportate: : Marie Alizon, Jeanne Couplan, Jeanne Guillon, Marie Lafaye , Aline Landais, Herminie Prod'homme , Andrée Récipon, e Anne-Marie Tanguy.
Per altri nomi dobbiamo aspettare la metà degli anni '60: l'aviatrice Hélène Boucher, la filosofa Simone Weil, l'autrice di teatro Sarah Bernhardt.
Nel 1977, la municipalità omaggia alcune scrittrici: Marie de France, autrice dei Lais ispirati alle leggende celtiche; Angéla Duval, poetessa in lingua bretone, di umili origini e di salute malferma che s'istruisce seguendo dei corsi per corrispondenza; la poetessa Angèle Vannier, che perde la vista a soli 21 anni, e Yvonne Meynier, la scrittrice di letteratura infantile morta nel 1995.
Poi però un caso strano... si inaugura una via Flora Tristan ma con appellativo maschile "scrittore femminista" mentre qualche anno dopo si parla di "donna di lettere" per Louise Weiss. Battuta d'arresto, invece, nella descrizione sulla targa di Marie Curie, qualificata solo come “physicienne et chimiste” nessuna menzione al premio Nobel. A Maria Pape-Carpentier, invece, pedagogista fondamentale, fautrice di un metodo di educazione "naturale" basato sull'intuizione, viene dedicata una piazza nel maggio del 1995.
Non è assente una targa alla grande romanziera Gabrielle Colette che la delibera del Consiglio comunale del 2003 inserisce nel quartiere Villejean-Beauregard.

Le cose, tutto sommato, sembrano andare un po' meglio in casa delle cugine francesi, ma qualche donna manca all'appello. Tante le dimenticanze: la scrittrice "précieuse" del XVII secolo, Catherine Descartes, le prime insegnanti come mlle Dupesan, vice-presidente nel 1914 di un gruppo d'Ille-et-Vilaine per il voto alle donne... e inoltre la femminista di Rennes, Louise Bodin, che ebbe un ruolo di primo piano nella costituzione del partito comunista e fu redattrice de La Voix des femmes , uno dei rari giornali ad aver scritto un articolo per protestare contro la legge del 1920 sull'aborto e la contraccezione2.
Donne francesi condannate alla damnatio memoriae? Sull'onda della grande rivoluzione che ha investito l'Italia con la proposta "8 marzo 3 vie 3donne" , ci si aspetta un altro moto di rivalsa da parte della Francia femminista, finalizzato ad una equa spartizione definitiva dei luoghi cittadini.
Il y en a marre... c'est le moment ou jamais!

1 Colette Cosnier, Nicole Pellegrin, Valérie Neveu, Christine Bard et Eliane Viennot, La place symbolique des femmes dans la Cité (Rennes, Poitiers, Nancy, Paris, Marseille), Extrait du bulletin Archives du féminisme, n° 9 - décembre 2005.
2 In Francia le leggi del 1920 e del 1923 vietano qualsiasi propaganda anticoncezionale e fanno dell'aborto un reato passibile di misure correzionali. Louise Bodin, soprannominata La bolchevique aux bijoux, appartiene alla classe privilegiata ma lotta a favore dei ceti meno fortunati e soprattutto scrive in difesa delle donne.